Dans un pays où les hommes sont motivés par leur avidité, conduits par leur ambition et menés par leurs instincts, nous demeurons impuissants. Nous puisons nos valeurs chez des politiciens corrompus, baignant dans leur halo de ‘vertu’, (dans leur linceul, plutôt) dont la puanteur sature les narines et corrompt les êtres. Nous observons, analysons et déduisons, tel Winston Smith, le héros (?) de ‘1984’ sans être capable d’agir ou de réagir dans un milieu où « celui qui contrôle le passé contrôle le futur. Celui qui contrôle le présent contrôle le passé ».
Notre société a décidé que tout était déjà décidé. Une tradition orientale qui puise sa force dans le sentiment profond que les dieux prennent plaisir à se divertir à nos dépends, comme l’enfant gâté, démembre la marionnette arrachée à ses camarades de jeu, dans un accès de dépit.
Il fut un temps où certains d’entre nous décidèrent que ce pays valait bien une messe et de ce pas quittèrent leur refuge pour rentrer. En exil, nous avions cru aux fondations morales qui transformaient un peuple en nation.
Nous rentrions afin que notre pays vaille bien une messe.
Nous contemplions l’éternité s’écouler. Les choses de la vie, apprises à force d’écouter les contes d’une mère ou d’un père, ressuscitées par notre espoir d’un lendemain plus clément, se fanaient les unes après les autres.
D’abord, les toutes petites choses ! Ce n’était pas important, le pays devait se réveiller de sa longue torpeur, et tel un vieillard se levant du lit, il vacillait avant de se redresser. Mais la chair est faible et la tentation omniprésente. Ceux qui croyaient, qu’en dépassant un autre véhicule dans un virage, commettre un crime impardonnable, découvraient fardiers et chars d’assaut déferler la montagne en écrasant passants et mécaniques, hurlant slogans de souveraineté et d’indépendance.
L’édifice s’écroula. La tour de Babel fut détruite par ses habitants, et d’autres palaces furent construits. Pontificateurs et saints-nitouche surgirent de la terre brûlée, tels les squelettes vivants de Jason, noyant les troupeaux de fidèles sous mensonges et hypocrisie.
Nous étions occupés! Occupés à ramasser les miettes qui tombaient de la bouche de nos chefs, perdant de vue l’agneau sacrifié à l’autel de leurs ambitions. Chaque morceau s’échangeait contre or ou puissance. On en accumula avec avidité, indulgence et égoïsme, sans égards pour nos enfants.
Nous observons, abattus, notre mère patrie, désintégrée. À la recherche de sagesse dans les vers d’un grand poète arabe, Imru’ al Qays « buvons aujourd’hui, les choses sérieuses sont pour demain » nous interprétons à notre guise. Inconscience, inconscience quand tu nous tiens.
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