Je suis coincé, je panique. Entre le mur, le compresseur de l’air conditionné, et trois chats à l’affût : Princesse, Osaka et Psycho. Je me faufile un peu plus loin. Tout à coup, deux humains apparaissent. Ils m’observent avec grand intérêt ! La jeune femme s’exclame : c’est bien elle, elle était dans le grenier ; je me demande comment elle s’est retrouvée ici. L’homme à côté d’elle, les yeux plein de tendresse, tend la main.
Petit à petit les chats se retirent. Ils ont détecté mon aura. Moi qui ne crains pas les lions, puisque je m’appelle Daniel, inspire la méfiance aux félins.
Cette main qui se tend, légèrement recroquevillée, se rapproche de moi. Je me laisse soulever. Je suis dans la paume d’une main atteinte de la contracture de Dupuytren. Curieux ! Au Liban ? Dupuytren ; la maladie de Vikings ?
Il me soulève doucement et ses yeux me regardent avec tellement de tendresse que j’oublie de lâcher prise. Mes incisives plantées dans sa main, laissent couler du sang, qui abreuvent ma soif de trois jours.
Il se penche à droite. La femme à ses côtés hurle : « jettes-la, jettes-la ». Il répond : Arrêtes ! je ne veux pas qu’elle ait mal. Il choisit l’arbuste des gardénias sur lequel j’atterris quelques secondes plus tard.
Je me faufile rapidement et disparais dans les branches du bois voisin.
Savourant le liquide précieux qui m’envahit, je découvre un coin bien caché du personnage qui m’a sauvé la vie. Cet homme, qui n’est plus de toute jeunesse, dérobe à son environnement des amours inavouées. Il est fasciné par le nombre d’or, nombre qui enveloppe toute notre existence, nous, habitants de la nature.
Les vieux de notre tribu, nous ont initiés aux secrets de notre mère. Mais, jeunes écervelés, les histoires d’antan ne nous concernaient pas. Et soudain !
L’être humain en question est un homme curieux ; curieux dans les deux sens du mot. Contradictoire et pourtant logique. Impulsif, cependant raisonnable et bien d’autres choses…. Je déguste son amour pour les mathématiques, ses envolées lyriques et ses descentes à terre soudaines et inattendues.
Je me demande pourquoi cette fascination pour des nombres qui se rapprochent tellement de la nature ? D’habitude, ces créatures sont soit très méchantes avec les petites bêtes, trop peureuses envers nos gros proches, et indifférents quand un arbre leur fait partager leur ombre. Je remarque, parfois que je n’ai pas toutefois raison, quand, caché dans un buissons, une petite fille se laisse approcher par un chat, notre voisin du coin, et s’émerveille du ronronnement gracieux qu’il émet sous ses caresses.
Je me laisse prendre par les émanations de ce liquide féerique que j’ai gouté pour la première fois. Tant de secrets enfouis, tans de choses dissimulées, et soudain, une autre découverte.
L’être humain en question semble poursuivre un but qui le hante depuis des décennies. Le péché d’Adam peut-être ? L’orgueil de se prendre pour la providence ? je détecte pourtant, un amour profond pour son métier, et une phrase qui me revient en leitmotiv : « Développe une fois, déploie partout ». Que veut-il faire au juste ?
Je le devine attendant un grand banquier dans le salon attendant. Timide, Madame Joie, la secrétaire du patron, le regarde poliment. Il attend. Elle s’impatiente. Enfin prenant son courage à deux mains, il propose « Monsieur Fernand va-t-il me recevoir ? » et Madame Joie de répondre à ce blanc-bec « Il attend Docteur Shannon qui a tardé, il a dû être pris par ses rendez-vous. »
Réponse du blanc-bec : « Shannon, c’est moi »…
Comments are disabled for this post